Reconnaissance de la Palestine: "la perspective de l'existence de l'État n'a jamais été aussi menacée", affirme Jean-Noël Barrot

Après l'annonce d'Emmanuel Macron sur la reconnaissance prochaine de l'État de Palestine, Jean-Noël Barrot soutient que "la perspective de l’existence d’un État de Palestine n’a jamais été aussi menacée ni aussi nécessaire", dans un entretien accordé à La Tribune Dimanche.
Le ministre des Affaires étrangères a notamment déploré "l'injustifiable à Gaza", dénonçant la destruction de la bande de Gaza, et "l'inacceptable en Cisjordanie", où "la colonisation israélienne débridée fragilise l’idée même d’une continuité territoriale".
Pour le Quai d'Orsay, la solution à deux États est la "seule susceptible de ramener la paix et la stabilité dans la région", poursuit Jean-Noël Barrot. Cependant, ce dernier réaffirme que "les conditions de la paix restent inchangées" et a de nouveau développé les souhaits émis par Emmanuel Macron.
Le ministre estime ainsi que le Hamas doit être "désarmé et exclu de toute gouvernance de Gaza et de la Palestine". Il assure avoir obtenu des engagements de la part du président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Selon le ministre, ce dernier a, dans une lettre adressée à Emmanuel Macron, accepté que l'État de Palestine soit "démilitarisé" et a "promis des élections en excluant le Hamas et tous groupes terroristes et violents".
Il ajoute: "En acceptant ce principe de démilitarisation, l’Autorité palestinienne démontre que cet État ne présentera aucune menace pour la sécurité d’Israël à l’avenir."
Dans le même temps, Jean-Noël Barrot indique vouloir s'assurer de "l'abandon de tout nouveau projet de colonisation en Cisjordanie" et de la "dissolution du système militarisé de distribution humanitaire qui a provoqué des bains de sang à Gaza", deux facteurs que la Commission européenne "va clarifier".
"La colonisation de la Cisjordanie est contraire au droit international. Elle hypothèque la sécurité d’Israël à terme", a-t-il ajouté, affirmant tenir un dialogue "exigeant" avec le gouvernement israélien.
Pour l'accès à l'aide humanitaire dans la bande de Gaza, le ministre déplore des engagements pas encore été tenus, malgré "de premiers engagements". Cependant, ce samedi, Israël a annoncé la reprise des largages d'aide humanitaire à Gaza.
Abdallah ben Zayed Al-Nahyane, ministre émirati des Affaires étrangères, a également affirmé que les Émirats arabes unis vont reprendre "immédiatement" ces largages sur Gaza. "La situation humanitaire à Gaza a atteint un niveau critique et sans précédent. Les Émirats arabes unis demeurent à l'avant-garde des efforts visant à fournir une aide vitale au peuple palestinien", a-t-il déclaré sur X.
Le Quai d'Orsay appelle également Israël a mettre fin au blocus financier et au "paiement des sommes dues à l'Autorité palestinienne". "Comment s’étonner de la faiblesse de cette Autorité quand on la prive de 2 milliards", clame Jean-Noël Barrot.
La reconnaissance de l'État de Palestine par la France doit intervenir en septembre prochain à l'Assemblée générale des Nations unies. L'annonce d'Emmanuel Macron intervient alors qu'Israël fait face à une pression internationale croissante pour mettre fin aux souffrances des plus de 2 millions d'habitants du territoire palestinien, soumis à un blocus qui les prive d'une aide humanitaire vitale.
Un blocus total imposé en mars par Israël à Gaza et très partiellement assoupli fin mai a entraîné de graves pénuries de nourriture, de médicaments et de carburant. Au moins 58.895 personnes, majoritairement des civils, ont été tuées, selon des données du ministère de la Santé à Gaza, jugées fiables par l'ONU.
Près de 150 pays reconnaissent l'État de Palestine. En mai 2024, l'Espagne, l'Irlande et la Norvège ont officialisé cette démarche, portant à 10 le nombre de membres de l'Union européenne qui ont accordé la reconnaissance.
Le choix d'Emmanuel Macron de repousser à septembre l'annonce officielle a été critiqué par une partie de la classe politique, notamment à gauche. Si Jean-Luc Mélenchon a salué "une victoire morale", l'ancien député a également déplore que "depuis des mois ce type de comportement encourage la durée du crime à Gaza".
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